Lorsqu’un enfant arrive au monde, tout le système familial bouge. Il s’inscrit avec un nom et un prénom ce qui lui donne une identité et une reconnaissance sociale. Il s’insère, tel un maillon d’une chaîne, avec son empreinte dans une histoire, des schémas pré-existants, des non-dits et un inconscient familial. Son empreinte est l’ensemble de son héritage génétique de ses deux lignées et son héritage épigénétique influencé par l’environnement et encore bien d’autres facteurs. Nous pouvons rapidement constater la fragilité, l’exactitude et le merveilleux de chaque naissance.
Dès le départ, le bébé va ressentir, percevoir, capter cet environnement dans lequel il arrive. Son sentiment de sécurité sera conditionné par la façon dont sa mère, son père ou les personnes proches de lui vont répondre à ses besoins vitaux mais également au travers de la façon dont ils vont interagir et entrer en relation avec lui. Tout petit, avant l’apprentissage du langage, il interagit directement avec le langage émotionnel ; les regards et les comportements comme repères. Très tôt, ses manifestations et parfois ses symptômes seront eux-mêmes des repères de certains dysfonctionnements ou inadaptations familiales.
Les liens vont donc se créer dès le départ, au début par la manière de répondre aux besoins primaires de l’enfant puis au travers de la relation et de l’attention qu’il percevra. Nous arrivons ici au cœur de ce qui influencera le bien-vivre des relations familiales : La perception individuelle, la communication, le respect, le partage.
Nous avons chacun des perceptions qui nous sont uniques. Un tout-petit peut ressentir du rejet alors que les parents auront l’impression de l’avoir mis au centre de leur vie. Un autre peut percevoir de la solitude, pendant que l’adulte cherche sans cesse à partager des activités avec lui.
L’enfant construit son existence au sein de toutes ses perceptions. Lorsque des événements traumatiques ou répétitifs viennent attaquer son intégrité, ceux-ci vont créer comme des brèches et fragiliser sa construction.
Ce qui lui est fondamental est ce sentiment d’être important pour quelqu’un qui lui est cher, un lien d’attachement sûr, de l’amour partagé. Ainsi, il pourra avoir accès à une certaine capacité de résilience et une meilleure gestion des situations de vie.
Certaines lignées marquées par des liens d’attachement qui ont fait souffrir, des décès jeunes et traumatiques, des abandons peuvent laisser des traces émotionnelles et un vide affectif.
Le travail en psychogénéalogie permet de se distinguer au milieu de notre système familial afin de nous libérer des schémas, qui au fil du temps nous emprisonnent ou nous font souffrir. Nous pouvons exister dans le système sans pour autant être loyal aux comportements de nos parents ou de nos ancêtres. Nous n’avons pas non plus besoin de couper les liens ou de construire des murs pour ne plus souffrir. Nous pouvons apprendre à mieux nous connaître au travers de nos émotions et de notre communication afin de devenir pour soi le parent que l’on aurait eu besoin. Ainsi, nous nous libérons de la colère et de la rancune projetée parfois sur des parents idéalisés. Nous nous autorisons à devenir des adultes responsables de nos propres projections et de notre éveil de conscience. Nous pouvons alors créer les liens qui nous nourrissent et à notre tour nous engager dans nos choix.
Nous existons par la transmission, autorisons-nous à transmettre également, en qualité d’humain, avec du bon et du moins bon. Ne serait-ce pas ceci, bien vivre les liens familiaux ? Accepter son héritage, modifier ce qui est important pour nous et à notre tour transmettre et partager nos dons ?
Samantha Dubois
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